Dark pattern
Étymologie
De l'anglais Dark "sombre" et de l'anglais Pattern "modèle, patron de conception".
Définition :
Les "dark patterns" sont des techniques de conception d'interfaces utilisateur numériques qui manipulent ou trompent les utilisateurs pour les inciter à effectuer des actions qu'ils ne souhaitent pas nécessairement entreprendre. Ces pratiques sont souvent utilisées de manière délibérée pour augmenter les ventes, collecter des données personnelles ou obtenir le consentement de l'utilisateur de manière trompeuse.
Les dark patterns peuvent prendre diverses formes, notamment :
- Misdirection : Rediriger l'attention de l'utilisateur vers une option ou un bouton spécifique pour l'inciter à cliquer involontairement.
- Obstruction : Rendre délibérément difficile la réalisation d'une action souhaitée, comme désabonner d'une newsletter.
- Découragement : Créer une expérience utilisateur désagréable pour pousser les utilisateurs à choisir une option préjudiciable, par exemple en rendant une annulation d'abonnement frustrante.
- Forçage : Forcer les utilisateurs à prendre des mesures non souhaitées en utilisant des tactiques telles que des cases pré-cochées pour les abonnements.
- Manipulation sociale : Utiliser des preuves sociales ou des informations trompeuses pour influencer le comportement de l'utilisateur.
- Disguised app : application cachée
- Confirmshaming : le fait de pousser le lecteur de votre site à faire un choix en utilisant sa culpabilité ou sa honte.
Histoire :
Lors de l'essor du numérique et plus particulièrement du e-commerce, un bon UX design amène les utilisateurs où ils ne veulent pas forcément aller. Les marques ont rencontrés une augmentation de leurs ventes et de la récupération des données.
Il a été conceptualisé par Harry Brignull, spécialiste du design d'interfaces utilisateur, en août 2010.
Le terme "dark pattern" a été popularisé par Harry Brignull, un chercheur en expérience utilisateur, en 2010. Il a créé un site web appelé "Dark Patterns" (darkpatterns.org) pour sensibiliser le public aux pratiques trompeuses en matière de conception. Depuis lors, le terme est devenu couramment utilisé dans l'industrie de la conception et de l'expérience utilisateur pour dénoncer ces méthodes contraires à l'éthique.
Juridique :
L’utilisation de dark patterns peut entraîner des risques juridiques, des violations des lois sur la protection de la vie privée, des accusations de fraude, des violations des conditions d'utilisation, et des utilisateurs mécontents. Les différents états mettent tout en oeuvre pour ralentir ce type d'agissement comme contraindre les entreprises à cesser de facturer leurs clients en cachant les vrais raisons de leurs dépenses. Mais certaines techniques restent difficiles à évaluer. Plus les entreprises se demandent si leurs design compromet le choix des utilisateurs, plus les risques d'actions en justices augmentent.
Dans l'Union Européenne
Le 21 mars 2022, le Comité européen de la protection des données (CEPD), rassemblement des 27 autorités de protection des données de l'Union, a publié un projet de lignes directrices relatives aux dark patterns sur les réseaux sociaux. Ce projet fait l'objet d'une procédure de consultation publique avant publication de sa version adoptée par le CEPD.
En France
Le laboratoire d'innovation numérique de la CNIL a publié en janvier 2019 une étude sur les dark pattern dans son Cahier IP n°6 : La Forme des Choix12. Il y est notamment affirmé que « ces pratiques peuvent pour certaines rester conformes du point de vue du RGPD, mais selon le moment, la manière et les données concernées, elles peuvent soit poser des questions éthiques, soit devenir non conformes
À la suite de cette publication, la CNIL a entrepris plusieurs actions visant à encadrer et réguler l'utilisation de dark pattern à des fins de captation de données ou de recueil du consentement.
En septembre 2020, la CNIL a publié des lignes directrices14 et une recommandation15 portant sur les cookies et autres traceurs dans lesquelles elle pousse à l'adoption de mécanismes et de design garantissant la transparence des informations et la liberté de choix des utilisateurs de service en ligne.
Elle y mentionne plusieurs pratiques de dark pattern comme étant contraires au RGPD (règlement général sur la protection des données) et à la Loi Informatique et Libertés, notamment :
- L'activation ou le pré-cochage de cases de recueil de consentement
- La poursuite de l'activité sur un site internet ou une application comme le signe d'un consentement au dépôt de cookies ou à l'utilisation de traceurs
- L'absence de possibilité de refuser en une seule action l'ensemble des traitements de données effectuées par le service sur la base du consentement (bouton "Tout refuser")
- Une action plus complexe pour refuser le dépôt de cookies ou l'utilisation de traceurs que pour l'accepter
Outre ces actions répressives, la CNIL souhaite accompagner les acteurs du numérique dans leur mise en place de design respectueux des choix des utilisateurs. Elle a mis en ligne un site16 proposant des ressources et des études de cas, ainsi qu'une communauté "Données et Design" accessible via la plateforme Slack. [3]
Références
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