Une école engagée, réellement et concrètement !
Face aux métamorphoses nécessaires ou imposées, faites ou restant à faire, le design doit se positionner. Pourquoi créons-nous ? En quoi croyons-nous ? Quels concepts façonnent nos imaginaires et nos artefacts ? Quel monde bâtissons-nous ? Le temps est aux réponses.
Une école du pouvoir d’agir par le design
Un podcast Synaps, par Marion Watras et l’agence Hippocampe
Des vœux qui en disent long !
» Notre planète bleue et la vie qu’elle transporte avec elle dans son extraordinaire voyage cosmique viennent de terminer le tour complet de leur bonne étoile ! Gardons en tête qu’à chaque fin d’année, nous fêtons moins ce cycle qui se termine avec plus ou moins de panache et de réussite, que la joie – et sans doute le soulagement – de voir ce cycle se répéter et offrir l’opportunité de pouvoir nous aussi reprendre “à zéro”. C’est une nouvelle “révolution” qui débute, pleine de promesses et de prouesses. Un nouveau printemps qui arrive, ce n’est pas rien !
Cependant, au cœur de cette valse intersidérale, quelques choses ne tournent plus rond : nous transportons avec nous un lourd héritage, fruit de centaines d’années de décisions collectives ou individuelles en faveur de nous seuls, qui s’amoncellent sur nos épaules et qui commencent à peser lourd. Des dettes cumulées envers les vivants et nous-même. Et nous prenons conscience que la boucle n’est pas bouclée, que la vie continue après la fin du mois, au-delà du bilan comptable et bien après la fin d’un mandat.
À l’heure des comptes, en termes de beauté, de douceur et de poésie, nous sommes très largement déficitaires. Sous nos bottes, écrasé par les roues de nos engins et l’acidité de nos molécules, gît un monde abîmé. Nous avons diminué peu à peu les possibles et distendu les liens qui nous unissent aux autres vivants.
L’Institut supérieur de design de Saint-Malo vous propose cette année de profiter de cette nouvelle révolution pour entamer ou accélérer la nôtre :
- Découvrir et comprendre les frontières planétaires, conditions d’une vie saine sur la terre pour les vivants, et nous fixer de nouvelles limites
- Entamer une révolution poétique en adoptant « les 40 gestes créatifs pour la planète » proposés par nos équipes et nos étudiant.e.s. Ils ne sont pas tous efficaces, mais ne manquent pas d’ambition.
L’heure, que dis-je, l’année est grave au point d’en rire, d’en écrire, d’en chanter, d’en danser ou d’en pleurer ; toutes les postures se valent, à l’exception du mépris ou de l’indifférence.
Celles et ceux qui voudront vous rassurer en vous disant que la terre ne s’arrêtera pas de tourner auront raison, mais à quoi bon danser seul dans le vide cosmique, alors que nous sommes aujourd’hui si beaux et si nombreux, si vivants et variés ?
Nous vous souhaitons une excellente révolution 2024, une bonne santé pour vos écosystèmes induisant une bonne santé pour toutes et tous, et réitérons notre impatience d’en faire moins, d’aller moins loin et moins fort, de nous ménager et de prendre le temps de faire mieux, à vos côtés. »
Introduction du calendrier 2024,
Au nom des équipes
de l’Institut D.
Le 18 janvier 2024
« Chers sociétaires et représentants de nos territoires, chères entreprises engagées, associations et coopératives,
Notre établissement coopératif d’enseignement supérieur a vu le jour à l’aube d’une ère d’intenses contrariétés pour nos modes de vie et nos habitudes humaines.
Ces différents points de friction sont nommés, qu’ils soient du domaine économique, à travers le crépuscule d’un système inadéquat ; du domaine écologique, face à l’effondrement de notre biosphère et la disparition de nos colocataires du monde vivant préfigurant la nôtre ; du domaine social, à travers la croissance des inégalités socio-économiques provocant la montée de la défiance envers nos modes de gouvernance ; ou encore du domaine sociétal, alors que nos organisations sanitaires, éducatives ou énergétiques sont mises à mal par les crises successives… une myriade de problématiques adressées tout autant à nos intelligences qu’à nos sentiments, et auxquelles il nous faut répondre collectivement.
De même, pour ne pas laisser progresser – ou pire, encourager – la déliquescence des bonnes choses, mais au contraire chasser celles, délétères, qui refusent de mourrir, il faut embrasser les transformations, nous préparer au changement et répondre en se retroussant les manches. Ne pas tomber dans le piège de la compétition, mais se réfugier dans l’évidence de la coopération face à ces contraintes nouvelles et ces impermanences.
La contrainte est la source première des créativités, et donc du Design.
Les êtres qui font la vie sur terre sont restés vivants grâce à leur formidable capacité d’adaptation, grâce à leur ingéniosité à concevoir des systèmes efficients, réactifs aux conditions changeantes. Grâce à leur capacité à se redesigner, bref ! À évoluer.
Nous avons choisi de placer cette année 2023 sous le signe de l’évolution, ce sera notre mot-clef cette année, et nous l’incarnerons de différentes façons
Ce que nous avions imaginé pour l’école nouvelle : plus inclusive, plus agile, plus positive, ambitieuse d’une toute autre manière, a permis l’enracinement sur le territoire de Saint-Malo d’un établissement pas comme les autres. Grâce à l’énergie et au talent de nos équipes, à l’enthousiasme et à la confiance de nos étudiant·e·s, année après année, mais également grâce au soutien de nos partenaires professionnels et publics, attentifs, bienveillants et fidèles, alignés avec les ambitions que nous portons, nous avons pu faire vivre une école qui a fait école : un modèle nouveau, fonctionnel, humain et robuste. Ce modèle, aujourd’hui, évolue.
Il évolue avec le passage de notre troisième année en alternance, et un approfondissement de notre volontés de faire un design décentré, considérant l’usager comme un humain, et non comme un client, et la nature comme un objectif, et non comme une matière ou un décors. Un design d’Innovation Sociale pour faire mieux plutôt que plus, ensemble plutôt que les uns contre les autres. Notre codiplomation avec l’Université de Rennes sur le sujet du design d’innovation sociale, du care et des nouvelles économies accentue cette singularité et la dimension entrepreneuriale et sociale de notre diplôme, appelé aujourd’hui « Design et Sociétés Nouvelles ». Le message est clair : nous formons des entrepreneurs humains, créatifs et engagés, concepteurs dans le champ du graphisme, du numérique et de l’ergonomie des espaces au service des sociétés et de leurs environnements.
Il évolue avec l’arrivée de notre Mastère, en septembre dernier, dédié au Design des transitions et à la conception biomimétique, avec la participation du Muséum National d’Histoire Naturelle, à travers l’antenne littorale de Dinard, et en partenariat avec l’École Pratique des Hautes Études. Première formation post-licence de notre territoire, c’est également l’une des premières formations d’écologie fondamentale par le design de France. Pas la seule, bien sûr, mais elle préfigure avec ses grandes sœurs de Paris (Nature Inspired Design), Lyon (Master Design pour l’Anthropocene), une nouvelle manière de penser la manière humaine d’habiter le monde et ainsi proposer de nouvelles façons de faire les choses que nous faisons.
Il évolue également avec le lancement, cette année, d’un catalogue fourni de formations professionnelles dédiées aux entreprises souhaitant faire du design un outil stratégique dans une optique, chez nous, qualitative. Il s’agira, pour les raisons explicitées lors de mon introduction, non pas de faire plus, et encore plus, mais d’apprendre à faire mieux. En complément de formations techniques traditionnelles aux outils du design, nous proposerons des formations stratégiques telles qu’Entreprendre et s’engager par le Design, dédié aux créateurs d’entreprises, et ses deux spécialités: Territoires Comestibles, pour les projets alimentaires soutenables et locaux, et Du Livre ! pour les projets culturels autour des objets éditoriaux et multimédias. Nous proposerons également des initiations à diverses pratiques, un design thinking décentré, par exemple, ou à notre fameuse pratique en biomimétisme. L’évolution de nos connaissances, de nos outils et de nos visions construisent un vocabulaire commun, une base solide pour co-construire tout ce qui constitue nos territoires aux côtés de leurs habitants.
Il évolue, enfin, avec l’emménagement dans cet espace magnifique appelé la Manufacture du Printemps, en partenariat avec la Ville de Saint-Malo et la Médiathèque, avec la volonté ferme d’en faire un tiers-lieu coopératif dédié à la création et à l’écologie.
Ici, à la manière d’artisans, et non de chefs de projets, nous espérons contribuer à ce que chaque année, le printemps revienne de la meilleure manière qui soit. Le printemps, c’est la condition des transformation et le terme bioinspiré qui désigne les révolutions.
Ce lieu abrite notre Mastère, pour des raisons évidentes, mais accueillera également les formations professionnelles et une programmation culturelle ouverte au grand public, sur les thèmes qui nous sont chers, et proposera un accès à l’ensemble des outils et compétences nécessaires à la fabrications de prototypes ou d’objets finis, souhaitables, désirables et soutenables.
Il proposera également un service d’impression artisanal d’art, transformant la manufacture du printemps en manufacture du print ! Risographie, sérigraphie, reliure, gravure, photographie, textile, bois… Dans l’optique toujours de faire toujours moins, toujours mieux.
C’est à vous tout autant, tissu vivant, économique et social, en première ligne face à ces transformations, de répondre avec créativité, optimisme et ambition, et c’est pourquoi il était important pour nous, École, de faire évoluer nos manières d’être et de collaborer. À nous d’offrir de nouveaux espaces d’interaction, de permettre à davantage de structures différentes de participer au projet de territoire créatif et solidaire que nous portons ensemble : devenir plus accessible – encore – , plus solidaire – encore – et plus adapté – encore, afin que les entreprises et associations qui le désireraient puissent faire du design un outil stratégique au sein de leur projet, indépendamment de leurs seules ressources financières ou de leur maîtrise des enjeux de cette pratique, et ainsi se donner toutes les chances de perdurer et d’évoluer de printemps en printemps grâce à cette co-évolution.
J’ai le plaisir de vous dévoiler cette nouvelle donne, ce « new deal », présentant à travers différents supports imprimés avec soin dans notre laboratoire de risographie, la ré-organisation de nos collaborations école-partenaires, de nouvelles logiques humaines, apprenantes, économiques, et nos nouveaux espaces de discussion. Une nouvelle donne détaillée dans les pages fluos de ces documents, afin de soutenir vos structures et leurs projets, participer et développer tout ce qui leur permettra d’être et de rester vivants, et à notre école et nos étudiant·e·s de grandir, de mûrir, et de favoriser, sur nos territoires, des environnements propices à la vie.
Le monde change rapidement, et nous serons fiers de vous accompagner dans le développement de vos stratégies et de vos compétences, qui nous permettrons d’évoluer vers une société plus adaptée à son milieu. Ensemble, de manière coopérative et collective, nous aurons du pain sur la planche ; aussi permettez-nous de ne pas vous « souhaiter » une belle année, mais nous vous promettons de travailler avec vous pour vous assurer qu’elle le soit, en effet !
Merci pour votre écoute, et pour celles et ceux présents ce soir : place aux bulles locales, au miel et au beurre. »
Discours de vœux de Julien Vey,
président de la coopérative.
Au nom de ses collègues
et de l’équipe des intervenants
de l’Institut D.
Le 22 janvier 2023