Design culinaire

Sublimer l’alchimie des sens en lui donnant du sens

Il ne se passe pas un jour sans qu’un amateur, comme vous et moi, ne se prenne pour un photographe culinaire… Instagram regorge de clichés d’assiettes parfaitement présentées ou du dernier plat que l’on vous a servi au restaurant hier soir.
Cependant, le design culinaire va au-delà d’une simple tendance à partager ses photos. C’est un savoir-faire précis et créatif devenant une esthétique sensée et sensorielle.

L’art de saisir l’insaisissable

Le design culinaire n’est pas toujours physiquement atteignable. L’expérience que nous en avons est bien souvent transmise au travers d’une photo. Magazines, publicités, livres, menus… nombreux sont les médias qui tente de nous donner l’eau à la bouche. Mais peut-on dire d’une photo qu’elle a du goût ?
Ce qui est fascinant, c’est que le designer culinaire a pour but d’éveiller les sens rien qu’à la vue d’un plat, le plus souvent statique, réel ou imagé.
En effet, si dans le domaine de l’art, les expériences sensorielles ne sont pas rares, (théâtre, danse, musique), elles sont pour la plupart immersives et mobiles. Jeux de lumière, atmosphères, expressions physiques, ces expériences ont un point commun : elles créent l’émotion, créent des souvenirs par les émotions suscitées à leurs vécus.

Alors au-delà d’une représentation visuelle attirante, le designer se doit de faire preuve d’une technique sans pareille pour donner l’envie de déguster l’image, son habileté éveillera nos sens. Et le célèbre designer culinaire Marc Brétillot appuie même l’idée lors d’une interview en disant que : « Manger est la seule activité humaine qui mette en éveil les cinq sens de façon simultanée. »
Nous pouvons ici distinguer le designer culinaire du photographe culinaire, bien que le plus souvent, l’un ne va pas sans l’autre.
Le premier aura davantage tendance à réfléchir à une composition qui permet en un coup d’œil de repérer chaque élément, chaque aliment. Il manipule les ingrédients, agit comme un scientifique pour mettre en scène ses préparations. Il doit sans cesse faire preuve d’innovation et de créativité pour trouver des conceptions uniques et nouvelles.
Le second se chargera de mettre en valeur cette composition par le travail de l’image, les couleurs, les vibrances et le contraste, l’éclairage, l’angle de vue mettant en valeur les détails et le message du chef au travers de son plat.
Si leur travail est bien fait, la combinaison de leurs objectifs émet une idée du goût, de la texture mais aussi de l’odeur, de la température et du son crée à la découpe ou à la dégustation du plat.

Quand la perception devient dimension

Le design culinaire est aussi une notion d’innovation et de découverte.
Nous sommes dans l’obligation aujourd’hui de repenser notre relation avec la planète et la notion d’alimentation est un des facteur les plus décisifs de la crise écologique. Les nouvelles pratiques alimentaires sont plus conscientes et plus durables. Cela ouvre le champ des possibles du design culinaire.
Aujourd’hui il n’est plus envisageable de négliger la dimension écoresponsable d’un objet lors de sa conception, de son utilisation et de sa destruction. La création d’un plat demande aussi une réflexion sur son impact environnemental. Nombreux sont les designers culinaires étant sensibles aux produits de leurs territoires. C’est le cas en l’occurrence de Virgine Brégeon de Saint Quentin professeur de la formation professionnelle Territoires Comestibles qui a pour objectif de travailler les produits en valorisant, préservant leur formes plastiques et en créant du lien avec leur provenance, allant du territoire jusqu’au aux acteurs locaux.
La transition alimentaire se joue par le biais du design qui met en valeur les évolutions des modes de consommations. Des packagings attractifs aux courses zéro-déchets, l’écoconception des emballages, la réduction des déchets et du gaspillage est tout aussi importante dans le monde du design culinaire. Il faut envisager des expériences qui respecte les aspects d’un futur durables et sains pour la planète et les consommateurs.

Enfin, le design culinaire est avant tout perçu sous une perspective esthétique mais doit aussi envisager la dimension éthique. Il nous donne la capacité d’envisager d’autres systèmes alimentaires et la manière dont notre relation avec la nourriture impacte nos expériences. L’assiette présentée est souvent porteuse d’un message choisi par le chef, le designer et photographe culinaire. Un nombre infini de possibilité s’offre à eux, comme accentuer la dimension régressive ou même inviter à un voyage… Tout cela grâce à un choix d’ingrédients, de couleurs, de textures, de présentations… En plus d’être scientifique, le designer culinaire écrit une histoire chargée de souvenirs, de traditions et de vie.

Un article écrit par

Maud Lenoir
DSN#06

Chaque année, les étudiant·e·s s’essayent à l’écriture d’un article plus ou moins long, plus ou moins étoffé, sur des sujets plus ou moins connus du monde du Design. Initiation en situation réelle, nous publions ici les propositions